A quelles conditions dit-on d’un candidat ou d’une personnalité qu’il ou elle est « présidentiable » ? Au-delà des conditions juridiques à remplir (en particulier les 500 signatures), au-delà même des procédures partisanes de désignation des candidats (primaires ouvertes ou fermées par exemple), la question est ici posée du profil attendu par les électeurs : posture surplombante, voire jupitérienne, ou bien proximité et simplicité ? longue expérience politique ou au contraire extériorité par rapport à la classe politique ? Le rôle des commentateurs est décisif, qui ont le pouvoir de distribuer le précieux label de « présidentiable ». Mais pourquoi si peu de femmes, si peu de représentants des milieux populaires, si peu de jeunes ? La démocratie représentative affiche un principe d’égalité des citoyens face au scrutin, mais la réalité en est bien éloignée. Le label de « présidentiable » n’est de fait octroyé qu’au terme d’une sélection aussi sévère qu’invisible.

Christian Le Bart, professeur de science politique à Sciences Po Rennes et auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur la vie politique